Les frères Vambourg

Publié le par Paddygenéalo

J’étais plutôt content. Pensez donc, j’étais, après plusieurs semaines de travail (assez irrégulier il est vrai), sur le point de compléter le relevé du livre d’or de Douai, lequel était bizarrement absent des différentes ressources habituelles. Sous réserve de vérifications, 900 noms au monument au mort, ou plutôt dans le livret de son inauguration, et maintenant 695 au livre d’or. Et 618 en commun. Compte tenu d’autres relevés, notamment ceux des plaques commémoratives des églises, il est certain que nombre de douaisiens, de naissance ou d’adoption, m’échappent encore.

Et voilà que je rencontre deux lignes successives de mon fichier dont les noms se ressemblent beaucoup : Edouard Vambroug et Georges Vambroug. Avec la même date de naissance. En effet, ils sont nés tous deux le 23/05/1894 des mêmes parents, ce sont bien des jumeaux. Chose curieuse, c’est le 23/05/2016 que je les ai rencontrés, soit le jour même de leur 122è anniversaire. Oui, s’ils n’étaient pas morts à la guerre, ils ne seraient de toute manière plus de ce monde.

Edouard, matricule 1606 de la classe 1914 de Valenciennes-Douai, a été tué le premier, le 20 novembre 1914 et Georges, matricule 1607, est tombé le 9 décembre. Tous deux appartenaient au 91è régiment d’infanterie et sont morts, selon leurs actes de décès à Saint-Hubert, Marne. Saint-Hubert, j’avais déjà croisé ce lieu, cela se situe dans la commune de Vienne-le-Château.

Extrait du JMO du 91è RI décrivant le lieux où périrent les frères Vambroug

Extrait du JMO du 91è RI décrivant le lieux où périrent les frères Vambroug

En consultant les fiches de chacun des jumeaux, on constate que tous deux ont été portés disparus. Leurs décès ont été enregistrés le même jour, le 8 octobre 1920, dans l’état-civil de Douai et les actes indiquent qu’ils ont disparu à la date dite, et qu’il convient de constater leurs décès.

Je ne peux m’empêcher de me demander si cette vingtaine de jours entre les deux disparitions est bien réelle. Puisqu’aussi bien Georges n’a guère survécu à son jumeau Edouard, pourquoi ne sont-ils pas partis en même temps, tués par le même obus ? Mais en fait, ces dates ont été fixées bien plus tard, à partir d’archives constituées par l’armée au moment de l’évènement, du moins en principe. Comme souvent, mon premier réflexe est d’aller consulter le JMO, qui relate les évènements au jour le jour. Mais il n'apporte pas grand chose, si ce n'est ce croquis.

Edouard et Georges sont les deux seuls Vambroug tués à la guerre selon Mémoire des Hommes. La fratrie n’est pas difficile à reconstituer, il suffit de suivre les tables décennales :

  1. François (comme leur père), né le 15 janvier 1887
  2. Valentine, née le 11 septembre 1889
  3. Alexandre, né le 1er mai 1891
  4. Edouard et Georges, nés le 23 mai 1894
  5. Désiré, né le 7 juin 1900

Nous voilà donc avec plusieurs potentiels « poilus ». Cinq garçons. Le dernier, Désiré est né en 1900 et appartenait donc à la classe 1920, laquelle n’a pas été appelée avant la fin des hostilités (la classe 1919 fut appelée début 1918). Reste donc, en plus des jumeaux, deux possibles poilus.

François, classe 1907. Ah oui, la classe 1907… La seconde dont les registres ont été transférés à Valenciennes (pour une raison que j’ignore les Archives Départementales du Nord ne répertorient le bureau de Valenciennes-Douai qu’à partir de 1908). Les registres de la classe 1907 de Valenciennes-Douai sont très incomplets et même les « feuillets reconstitués », qui remplacent les fiches matricules de nombre des soldats relevant de ce centre, sont très souvent manquants. François Vambroug a le matricule 362 dans le registre de Cambrai (eh oui, le bureau de Valenciennes-Douai a ses listes alphabétique à l’intérieur de celles de Cambrai). Pas de chance, sa fiche est perdue… Alors je me suis fait aider par Geneanet… Mais non, rien. On ne trouve que Valentine. Je ne saurais donc rien de François, si ce n’est qu’il a bien été recensé en 1907.  

Alexandre, classe 1911 en théorie est décédé le 23 juin 1902. La mort l’a emporté bien jeune…

Désiré, quant à lui, s’est marié à Douai en 1929 et est décédé en 1964. Sa fiche matricule  indique qu’il n’a pas été concerné par la mobilisation de la première guerre mais fut convoqué, brièvement, pour la seconde…

 

Je ne sais pas si le cas de jumeaux mobilisés ensemble et versés à la même unité est très courant. Je n’en ai pas rencontré d’autres. Ce qui rend les jumeaux Vambroug tout à fait remarquables, c’est qu’ils ont été tués au même endroit et peut-être au même moment, ou certainement à des dates très proches.

Publié dans 14-18

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