Des américains, encore

Publié le par Paddygenéalo

Ah le grand voyage vers l'ouest. Je me rends compte qu'il a attiré bien plus de monde de chez nous que je ne le croyais avant de m'intéresser à la généalogie. C'est que j'ai trouvé quelques branches depuis que j'ai commencé. La première fit l'objet d'un post du Challenge AZ 2016, et j'ai bien fait car j'ai aussitôt reçu l'aide de gens dont l'expertise était bien plus grande que la mienne. D'ailleurs, je chamboulai aussitôt mes plans pour intégrer au même Challenge AZ les découvertes qui en découlèrent. A vrai dire, c'est une légende familiale à propos d'un oncle d'Amérique dont il y aurait eu un héritage, bien dispersé et finalement assez maigre pour chacun, qui avait initié mon intérêt. Je n'ai toujours pas retrouvé ce fameux oncle d'Amérique...

Mais en revanche, au fil de mes recherches, j'ai croisé quelques cousins qui sont partis de l'autre côté de l'Atlantique. D'ailleurs, moi-même, je pourrais me compter! Même si je n'ai pas à proprement parlé émigré puisqu'il n'a jamais été question de rester là-bas. J'y ai tout de même vécu un peu, avec un employeur local(1).

Revenons au sujet d'aujourd'hui: je procède en ce moment à une sorte de nettoyage de mes données en utilisant comme prétexte les anniversaires que propose Geneanet. Cette semaine, il y avait un certain François Joseph Varlez, né à Hélesmes (59) et dont je ne savais pas grand chose, si ce n'est au travers d'une mention sur sa fiche matricule le localisant en Amérique en 1888.

Des américains, encore

Il y a longtemps que j'avais cette information mais comme je n'ai jamais trouvé ce François Varlez dans les bases d'Eilis Island, je n'avais guère insisté. Enfin tout de même, j'avais noté qu'il existe dans les bases de Familiy Search un Frank Varley qui ressemblait beaucoup à ce François Varlez.

Un recensement de 1900 le situe dans le Colorado, et il y est mineur (coal miner).

Des américains, encore

Bien sûr, on pourra objecter qu'un Varlez dans l'Illinois qui devient un Varley dans le Colorado, c'est un peu tiré par les cheveux. Sauf qu'en creusant un peu, on se rend compte que le passage dans l'Illinois correspond à une naturalisation et qu'il n'est même pas sûr que François alias Frank s'y trouvait de manière durable. D'ailleurs le recensement indique une fille née au Nouveau Mexique. On bouge beaucoup, sans doute en fonction des offres de travail.

Frank s'est marié, avec une immigrée française, Stéphanie Bodhaine, qui devient Fannie. Elle est née à Auchel, Pas de Calais, elle aussi dans une famille de mineurs et elle est arrivée en Amérique avec ses parents.

Leurs enfants furent américains, on en aura la preuve en consultant la nécrologie de leur fils Frank né en 1901 et décédé en 1990 à Boulder, Colorado. Le journal local est en ligne et c'est une source extraordinaire, même si les articles sont parfois dans le registre "chiens écrasés".

Avant de continuer avec un autre cousin éloigné qui est parti en Amérique, je voudrais m'arrêter sur l'histoire des mineurs du Nord et du Pas de Calais partis en Amérique.

Et plutôt que de recopier ce que je trouve ailleurs, autant renvoyer à un sujet du forum GenNPdc bien connu des généalogistes de la région.

Cette discussion donne quelques exemples et cite aussi quelques ouvrages qui ont été consacrés à cette émigration méconnue.

Je note tout de même qu'alors que les mines du Nord Pas de Calais commençaient à importer des mineurs, notamment polonais, celles des Etats-Unis y disposaient d'agents recruteurs qui devaient tenir à peu près le même langage que ceux des Houillières du bassin tenaient encore dans les années 1970 pour convaincre des paysans marocains de tenter l'aventure et de connaître le fond de nos mines.

L'affaire Varlez / Varley m'a fait entrer en contact avec un autre généalogiste dont l'arbre sur Geneanet comporte des mineurs du Nord partis en Amérique, et notamment les Varley-Bodhaine. Ce spécialiste, même si c'est aussi un amateur, pense comme moi que Frank est bien François. Après avoir consulté mon arbre, il m'a indiqué que certains noms lui étaient familiers et pouvaient fort bien correspondre à "ses" américains.

En fait, la plupart des noms cités sont fort courants dans le Nord et le Pas de Calais et aucun des miens ne correspond à ceux qu'il a recensés comme partis en Amérique exercer leur métier de mineur de fond.

Mais il fallait vérifier. Pour une fois, j'ai utilisé l'arme lourde, c'est à dire la comparaison d'arbres de Geneanet. Et une intersection s'est avérée fructueuse.

Je connaissais, là aussi depuis un bon moment, le couple formé par Emile Laurent et Céline Coulon, mariés à Liévin (62) le 3 octobre 1896. Mais je n'avais pas plus creusé car mes premiers ancêtres communs avec Emile sont le couple Pierre Joseph Lasser (1760-1838 sosa 80) et Marie Alexandrine Martin (1766-1821 sosa 81) et je n'ai pas tracé toute leur descendance(2).

Evidemment, cette découverte m'a poussé à creuser. Il se trouve qu'Emile Laurent est décédé en 1908, à Liévin, en laissant une veuve et deux enfants(3). Il n'avait que 35 ans, et sa veuve 33. Elle se remarie avec un certain François Charmolue, lui aussi veuf, avec lequel elle a un enfant qui nait à Liévin en 1912.

La famille émigre semble-t-il en deux temps: d'abord le père puis sa femme avec ses enfants, ceux qu'elle a eus de son premier mariage et le bébé. Dans les archives d'Eilis Island, disponibles cette fois, tout le monde s'appelle Charmolue, ce qui au passage me conforte dans la conviction que Frank Varley est bien François Varlez.

Des américains, encore

Céline décédera en 1965 à Clinton, Indiana après avoir été veuve une seconde fois dès 1936. Elle y enterrée, auprès de son second époux.

Fernand, son fils, après avoir été enregistré comme Fernand Charmoulue sera naturalisé américain en 1937 en reprenant le nom Laurent tout en adoptant les prénoms de Frank Charles, sans doute moins exotiques que Fernand et plus faciles à prononcer. Il sera mineur lui aussi. Je ne lui connais pas de descendance.

Sa soeur Fernande épousera en 1916 à Terre Haute, Indiana, un certain Julien Boury, manifestement lui aussi d'origine française. Et même lui aussi du Pas de Calais, il était né en 1885 à Liévin. Tous deux décèderont à Des Moines, Iowa. La naturalisation de Julien Boury ne cite pas elle non plus d'enfant.

Il n'y a donc probablement pas de cousins américains vivants de ce côté là. Même si leur demi frère, qui ne m'est donc pas vraiment apparenté, Jules Martin Charmolue, marié à Vigo, Indiana, en 1938 semble bien avoir une descendance. Mais je n'ai pas vraiment cherché. Il fut employé chez General Motors selon un recensement. Peut-être certains de ses cousins, descendants de ceux restés dans le Nord se sont-ils reconvertis comme ouvriers chez Renault à Douai.

Des américains, encore

Une pierre tombale pour conclure, quoi de plus normal?

  1. Pour être précis, mon employeur français avait participé à la création d'une filiale commune avec d'autres entreprises de son secteur. Chacun avait envoyé quelques personnes, peu sont restés lorsque l'on est passé du stade "projet" au stade "opérationnel". Je l'ai fait, ce qui m'a donné l'occasion d'être à Roissy, en salle d'embarquement, en partance pour Washington, DC le 11 septembre 2001. Mais c'est une autre histoire.
  2. C'est un choix: mon arbre a déjà plus de 10000 entrées, et c'est beaucoup. J'ai tracé de manière systématique (sauf une branche déjà largement étudiée par ma soeur) les descendants de mes ancêtres ayant vécu vers 1800. Ici, il s'agit donc de la génération concernée mais souvent, vers 1900, il devient très difficile de continuer, faute de documents certains.
  3. Du moins deux que j'ai pu identifier. Peut-être y en a-t-il eu d'autres mais alors très probablement décédés en bas âge. Laurent est un nom assez courant et les tables de Liévin en comptent trop pour une vérification systématique. Peut-être un jour...
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