Zak rãmba, ou les Ouédraogo

Publié le par Paddygenéalo

Pas de sosa ici, du moins pas dans l’arbre dont je suis le sosa 1. En revanche, si je veux établir celui de mes enfants, il y aura pas mal de Ouédraogo, et aucun acte, à l’exception de ceux des contemporains, pour aider à remonter le fil.


Au Burkina Faso, chez les Mossi, peuple du centre du pays, les Ouédraogo sont nombreux, très nombreux. A titre d’exemple, sur 28 ministres actuellement, on compte 4 Ouédraogo, très certainement sans parenté entre eux. Mais ce n’est qu’un exemple. Lors de la récente élection présidentielle, on comptait 3 Ouédraogo sur 13 candidats. Un autre exemple. C'est que Ouédraogo est le nom de l’ancêtre légendaire des mossis alors forcément, il est loin d'être rare.


Pour une généalogie classique, un patronyme courant peut compliquer les choses, par la difficulté à s’y retrouver parmi les homonymes. Mais ici, finalement, ce n’est guère gênant. Car le vrai souci, c’est l’absence des sources auxquelles nous sommes habitués, registres, testaments ou autres actes que nos ancêtres européens ont laissés. Ici, rien de tout cela et il est parfaitement illusoire de vouloir remonter très loin, même si je soupçonne le Mogho Naba(1) de disposer de certaines archives, au moins pour les époques les plus récentes.

Mogho Naba Wobgho(2)

Mogho Naba Wobgho(2)

La seule source, c’est la tradition orale. Ce sont les vieux qui ont connus ceux qui les ont précédés et peuvent encore se souvenir de quelques noms. On attribue à Amadou Hampâté Bâ une formule qui résume bien la problématique de la tradition orale : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle »(3). On pourrait la reformuler en disant que ce vieillard qui meurt, c’est aussi un arbre généalogique qui tombe.


Il se trouve que l’arrière-grand-père de mes filles avait un jumeau. Et que les descendants des dits jumeaux ont entre eux un lien qui fait que l’on entretient encore aujourd’hui « la maison des jumeaux » au village. Et c’est justement pour cela qu’une liste de leurs descendants, du moins des garçons(4), a été dressée. Elle est arrivée jusqu’à moi, j’ai essayé de la retranscrire et de l’intégrer à mon arbre généalogique.


Le résultat est assez particulier car je ne connais pas les tous noms, et pour l’instant n’ai pas pu avoir plus d’information. J’ai donc été contraint de nommer, provisoirement je l’espère, l’arrière-grand-père ancêtres de mes filles « Jumeau 1». Par chance, je connais le nom de son épouse, et je l’ai même rencontrée, il y a maintenant fort longtemps, avant la naissance de ses arrière-petites-filles. A vrai dire, c’est un prénom que je connais et dont ma première fille a hérité, en second prénom. Au moins, un peu d’elle est-il transmis ainsi.


Je n’ai donc pour l’instant qu’une vague liste, mais au moins les contemporains sont-ils rassemblés, avec leur lien aux jumeaux. Je suppose qu’il y eu d’autres frères et sœurs. Ils finiront peut-être par être ajoutés, mais rien n’est sûr.


Evidemment, il y a ici plus de questions que de réponses, mais au moins sont-elles partagées.

Ah oui le titre "zak rãmba", comment va la famille, ou juste la famille en mooré, la langue des Mossis(5).

Au village

Au village

  1. Le Mogho Naba de Ouagadougou est le roi du peuple mossi, du moins de cette partie du pays. Il est à la tête d'un système que l'on pourrait qualifier de féodal.
  2. Illustration extraite du Voyage de Binger du Niger au Golfe de Guinée (BNF), épais volume qui inclut le compte-rendu du séjour au Mossi (selon la terminologie de l'époque pour désigner le territoire) du capitaine Binger. A propos du Mogho Naba, plusieurs vidéos sont disponibles à l'INA, ma préférée étant, forcément, le film de Jean Rouch "La mort du roi Mossi" que l'on trouve plus facilement sur Youtube
  3. En fait, il semblerait que cette formule soit issue d’un discours prononcé par lui à l’UNESCO en 1960 et reformulée. Et aussi reprise, tellement que certains prétendent que c’est un proverbe.
  4. C’est un des cousins de mon épouse qui l’a construite, et pour lui, assez naturellement, il s’agissait d’avoir la liste des garçons descendant des fameux jumeaux.
  5. Mossi en français, mossis au pluriel. Moaga en moré et mossé au pluriel. Car oui, les langues en Afrique sont aussi compliquées qu'ailleurs.
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