Stalag
Les voyages des générations qui nous ont précédés n’ont pas toujours été choisis, parfois ce fut vraiment sous la contrainte qu’ils sont partis loin de chez eux. Et évidemment, ce fut le cas des prisonniers de guerre. Cette lettre S est donc aussi une sorte de rebond de l’édition 2017, que j’avais consacrée à la Grande Guerre, au moment où nous étions dans la période du centenaire et en ce qui me concerne plus occupé à indexer Mémoire des Hommes qu’à enrichir mon arbre généalogique, même si j’avais choisi, pour cette fameuse indexation, de me consacrer aux communes de mon arrondissement natal et aussi aux poilus venu de ce qui est aujourd’hui le Burkina Faso.
Stalag donc pour les prisonniers de guerre. Et pour justifier ce mot qui relève de la seconde guerre, celle de 40, je citerai d’abord Louis Verdière(1), né à Auby, Nord en 1906 et qui a donc vraisemblablement traversé la première guerre en territoire occupé. Quand il se marie en 1928 à Douai, il ne peut pas savoir qu’un peu plus de dix ans plus tard sa vie va basculer, emportée par la folie des hommes. A son mariage, il est dit « surveillant » sans précision, peut-être à la mine mais peut-être aussi en usine. Il épouse une fille de mineur. Il décède le 5 juin 1943 à Münstereifel, de maladie. Il est le seul figurant dans mon arbre généalogique qui soit mort en tant que prisonnier durant cette guerre(2).
En fait, c’était bien à celle de 14 que je pensais. J’ai longtemps cru, parce que mes grands-pères étaient trop jeunes(3), que la famille était passée au travers… A ce jour je dénombre 70 « Morts pour la France » entre 14 et 18 dans mon arbre. Et encore, il n’y a là, surtout, que les descendants d’ancêtres ayant vécu vers 1800. Autrement dit les plus éloignés sont des cousins issus d’issus de germains de mes grands-parents ou arrière-grands-parents. Cela fait tout de même du monde.
Mais c’est aux prisonniers que je voudrais faire référence, et plus précisément à ceux qui ont été capturés à Maubeuge(4). J’en ai 20 dans mon arbre, ce qui me fait penser que toutes les familles des arrondissements de Douai, Valenciennes et Avesnes ont eu des parents concernés. Le premier, et le plus proche à bien des égards, est l’oncle Adolphe, lui aussi évoqué en 2017, je n’y reviendrais donc pas.
Les autres sont des cousins, plus ou moins éloignés bien sûr, ou des conjoints de cousines aussi. Parmi eux, un seul est décédé pendant sa captivité, il s’agit d’Alexandre Jaspart né à Mazingarbe, Pas de Calais, et mort au lazaret à « Essen-sur-Rhur » comme dit sa fiche « Mémoire des Hommes ». C’est un cousin issu de germain de mon arrière-grand-père Achille Groulez et il est à peu près certain qu’ils ne se sont pas connus.
Voici leur liste:
Nom | Prénom | Naissance | Lieu |
Blot | Oscar Aimé Joseph | 09/12/1875 | Brebières |
Cogez | Célestin | 27/10/1878 | Marchiennes |
Corion | Amé Emile | 22/01/1874 | Templeuve |
Descamps | François | 17/06/1877 | Marchiennes |
Foucau | Emile Adolphe | 19/08/1878 | Marchiennes |
Gos | Henri | 04/12/1875 | Marchiennes |
Jaspart | Alexandre | 13/11/1883 | Mazingarbe |
Lasser | Joseph Vincent | 22/01/1879 | Rumegies |
Lechantre | Théodore Germain | 15/02/1876 | Rumegies |
Lesoin | Emile | 05/05/1878 | Marchiennes |
Lesur | Charles Joseph | 11/07/1879 | Wandignies-Hamage |
Lorthioir | Joseph | 14/08/1872 | Marchiennes |
Proust | Alfred Hyppolyte Marie | 22/05/1874 | Masny |
Puvion | Charles Alexandre | 29/05/1891 | Bruille lez Marchiennes |
Puvion | Constant Alexandre | 26/01/1889 | Bruille lez Marchiennes |
Puvion | Georges André | 24/06/1875 | Auberchicourt |
Régniez | René François | 16/10/1874 | Rumegies |
Tribout | Jean Baptiste | 10/08/1875 | Auberchicourt |
Wibaut | Emile | 24/09/1874 | NIvelle |
Il serait bien sûr fastidieux de s’étendre sur chacun des hommes de cette liste. Pour beaucoup d’entre eux, je ne connais pas leur date de décès, je ne connais pas toujours leur éventuelle descendance. Le dernier à être décédé me semble être Constant Puvion, en 1976 à Bruille lez Marchiennes, un cousin issu de germain de ma grand-mère maternelle. Et encore, je ne suis pas totalement certain qu’il fut capturé à Maubeuge (c’est le seul dans la liste, et j’ai hésité à l’inclure), mais il appartenait au 1er régiment d’artillerie à pied, stationné à Maubeuge, presque comme l’oncle Adolphe qui était au 2è bataillon d’artillerie à pied.
Voilà. Je voulais juste avoir une pensée pour ces hommes que l’on a fait voyager sans vraiment leur demander leur avis. Beaucoup sont revenus, ils ont vécu plus ou moins longtemps ensuite. Il n’est pas inutile de penser encore à eux.
- Cousin issu d’issu de germain de ma grand-mère maternelle
- D’autres ont été faits prisonniers et sont rentrés, assez souvent bien avant 1945 d’ailleurs. Mais celui qui me vient à l’esprit est forcément pour Jules Ernest Blanchart évoqué au cours du Challenge AZ 2017 pupille de la Nation parce que son père Florent était mort pour la France et lui-même tué à Kapelle, Pays-Bas.
- L’un, né en 99, a été mobilisé en 18. La guerre s’est terminé assez vite pour lui permettre d’en réchapper, l’autre né en 1901 était trop jeune.
- Un excellent post d’un compatriote, que je ne connais pas si ce n’est via ses tweets, présente le camp de Friedrichsfeld