Torteron, Cher
L’entrée de Torteron, Cher, dans mon arbre généalogique m’a paru au moins aussi exotique que la découverte, il y a maintenant longtemps, de la branche américaine. Bien sûr, je n’avais jamais entendu parler de cette commune et c’est tout juste si le département du Cher m’évoquait une contrée éloignée, vaguement dans le centre de la France. On partait de loin.
Le Canal St-Louis à Torteron, en 1900 et aujourd'hui (Source : http://veaugues.over-blog.com/article-les-usines-a-fer-de-torteron-cher-68414333.html)
Mes premiers cousins arrivés dans le Cher sont le couple formé de Joseph Marie Blondeau (1826-1884) et Louise Lesoin (1843-1928)(1). De brefs échanges avec l’une de leur descendantes, contactée via son arbre en ligne, ne m’ont pas appris pourquoi ils avaient quitté le Nord pour le Cher. Je n’ai que des hypothèses : le département était alors victime de l’exode rural et aurait pris des mesures pour attirer de nouvelles familles, pour cultiver la terre. C’est possible, et à la naissance du premier berrichon de la famille, Joseph est fermier. Toutefois, leur arrivée à Torteron à la fin des années 1860 correspond à la période industrielle(2), accompagnée d’un accroissement de population, de la commune. En effet, des forges y existaient, en raison de l’existence d’un minerai relativement abondant et accessible, mais aussi grâce aux forêts fournissant le charbon de bois. Or au milieu du XIXè siècle, grâce à un canal, le charbon "de terre" venu du Massif Central permet le développement d’une sidérurgie plus industrielle. A priori, pas de lien direct avec la venue des Blondeau, puisqu’ils ont une activité agricole(3).
A leur mariage, à Marchiennes en 1861, Joseph est veuf depuis presque un an(4), et il a au moins trois enfants vivants de son premier mariage, dont n’est pas la dernière, née le 20 octobre 1860 à Marchiennes, et décédée 2 novembre 1860. Sa mère, Catherine Martinache, est décédée le 27 octobre. Je ne me serais guère intéressé à Joseph Blondeau si sa première épouse avait vécu car notre ancêtre commun est son arrière-grand-père Jean Antoine Blondeau(5) (1697-1762), trop ancien pour que je trace sa descendance de manière systématique. Mais Louise Lesoin est une parente bien plus proche : c’est une cousine de Philomène Lesoin, mon arrière-arrière-grand-mère. Leurs descendants ne sont donc, somme toute, pas des cousins trop éloignés.
Leur première fille, Louise, nait à Marchiennes le 19 mai 1862. Son frère Charles naitra en 1868 à Laverdines, Cher et enfin, en 1870, toujours à Laverdines, viendra Louis(5). Tous trois se sont mariés et ont eu une descendance dans le Cher. Il en va de même d’au moins trois des enfants du premier mariage : Edmond, né en 1850, Léon, né en 1853 et Paul né en 1854 tous les trois à Marchiennes et qui tous les trois se sont mariés dans le Cher et semblent y avoir une descendance, que je n’ai pas étudiée, me tenant à mon principe de ne pas élargir, au moins pour le moment et sauf exceptions, mon arbre au-delà des descendants de mes ancêtres ayant vécu autour de 1800(7).
En revanche, puisque leur mère est une cousine assez proche, les enfants du second mariage rentraient dans mes critères. J’ai donc essayé de connaître leur sort.
Louise, née le 19 mai 1862 à Marchiennes se marie en un lieu que je ne suis pas parvenu, pour l’instant, à identifier vers 1881 avec André Lucien Cabaton, né à Mornay-Berry, Cher en 1857. Le couple aura quatre enfants. Tout ce petit monde me semble avoir vécu dans le Cher.
Charles Alexandre, à moins qu’un frère ou une sœur m’ait échappé, est le premier Blondeau né dans le Cher, à Laverdines le 7 juillet 1868. S’il décède à Torteron en 1953, il n’a pas passé sa vie dans le Cher, loin de là. Il se marie à Paris, XIXè le 8 octobre 1892 avec Marie Mathilde Valentin, elle-même née à Chassiers, Ardèche en 1870. A cette date, Charles est dit employé de commerce alors que son épouse est dite sans profession mais ses parents sont marchands de vin, métier qui deviendra celui du jeune couple assez rapidement puisqu’ils sont ainsi qualifiés dès la naissance de leur premier enfant. Ils en auront quatre à Paris, toujours dans le XIXè, domiciliés boulevard de la Villette, et encore trois dans le Cher à partir de 1905.
Le dernier enfant de Joseph Blondeau et Louise Lesoin viendra en 1870, à Laverdines comme son frère, mais lui ne semble pas avoir beaucoup voyagé, sauf pour son service militaire(8). Il sera mobilisé en 1914, puis réformé et affecté à l’école d’arçonnerie de Saumur(9) ce qui est cohérent avec son métier puisqu’il est dit « sellier » sur sa fiche matricule et bourrelier sur les documents d’état civil. Il se marie en 1896 à Couy, Cher avec Marie Louise Paré (1872-1950) et aura trois enfants qui ont vécu au XXè siècle, le dernier décédant en 1996, ce qui évidemment limite sérieusement l’accès aux archives en ce qui les concerne.
Qui sait, le présent article tombera peut-être sous les yeux de l’un ou l’une des descendants de Louise Lesoin et Joseph Blondeau qui ont quitté le Nord et Marchiennes pour s’installer dans le Cher où a vécu, et vit donc toujours, leur descendance.
- Je ne connais pas la date exacte du décès de Louise Lesoin : il est survenu dans une période dont les actes ne sont généralement pas accessibles en ligne et qui est avant la généralisation du report des décès en marge des actes de naissance.
- Les illustrations relatives à Torteron utilisées ici viennent de ce site, avec l'aimable autorisation de l'auteur
- La seule activité vaguement voisine de la sidérurgie à Marchiennes serait la tréfilerie, mais c’est bien en aval des hauts-fourneaux. A priori Joseph Blondeau, qui était cultivateur lors de son second mariage, et l’est encore dans le cher, n’avait pas de lien avec la tréfilerie.
- Sa première épouse, Catherine Martinache est décédée, à 34 ans le 27/10/1860. Il se remarie le 08/05/1861
- Lui est un descendant de sa seconde épouse, Angélique Pelve, je suis un descendant de la première Jenne Louise Cottrez.
- Je n’ai pas connaissance d’autres enfants, qui seraient nés entre 1862 et 1868
- Malgré cela, mon arbre a atteint les 10000 entrées, et c’est déjà beaucoup, voire trop. Et pour ces autres cousins que sont les enfants du premier mariage, il y a les liens inter arbres de Geneanet, même si la fonctionnalité reste en « test » et présente toujours pas mal de dysfonctionnements.
- Notons que leurs fiches matricule sont à Nevers, donc département de la Nièvre et non du Cher… Sans « Grand Mémorial » j’aurais eu beaucoup de mal à les trouver.
- N’étant pas spécialement intéressé par le milieu équestre, je ne connaissais pas ce mot qui désigne ce qui touche à la sellerie et qu’on retrouve dans l’expression « cheval d’arçon ». L’arçon est à l’origine une pièce de la selle.