Yabroudy, Jean

Jean Yabroudy est mort pour la France, à Chattancourt, au secteur de Cumières⁽¹⁾, son nom figure au monument aux morts de Paris, celui qui est installé sur un des murs du Père Lachaise. Le Journal Officiel du 22 mai 1921 dit : « légionnaire d'une grande bravoure. Est tombé glorieusement, le 19 août 1917, à son poste de combat, devant Cumières. Croix de guerre avec étoile d'argent ».

Même si ce n’est pas inscrit dans cet acte, établi à Paris 1er arrondissement, par défaut comme ce fut le cas de beaucoup, il était l’époux de Charlotte Bouchy, née à Bitry, Oise le 5 novembre 1881.

C’est cet acte de mariage qui l’a fait rentrer dans mon arbre généalogique. En effet, Charlotte Bouchy est une cousine issue de germain de mon grand-père, qui était de 20 ans son cadet et dont je doute fort qu’il l’ait connue. Au moment de leur mariage, Jean Yabroudy est soldat : il s’est engagé en 1914, dans la Légion Etrangère, comme bien d’autres que la France avait accueillis. Cependant, les deux nouveaux époux sont domiciliés à la même adresse, 90 rue Claude Decaen, Paris XIIè, à proximité de la place Daumesnil⁽²⁾, ce qui permet de supposer qu’ils formaient un couple avant ce mariage de temps de guerre. Ils sont tous deux confiseurs. S’agit-il de confiserie orientale ?

Car Jean Yabroudy n’est pas né en France : il vient de Damas, fils de Kalil et de Marie Cressati⁽³⁾.

En 1919, Charlotte est témoin au mariage de son frère, à Ivry, elle est citée comme « femme Yabroudy » et est alors domiciliée à Paris, rue Voltaire, dans le XIè et est dite journalière. Elle ne figure pas au recensement de 1926 dans cette rue, elle ne semble pas non plus être à Ivry, ni à Mondeville, Calvados, où son frère finit par s’installer et décéder en 1940. En fait, elle est décédée en 1939, à Antony. Encore une fois, c’est un détail qui permet d’arriver à Antony : l’archive (disponible en ligne) d’une carte d’électeur de son frère. A partir de cette information, il devient logique de consulter les tables décennales à Antony. Heureusement les archives de Hauts de Seine les publient jusqu’à la période 1933-1942, et il y a bien une Charlotte Bouchy qui décède en 1939. Mieux : l’acte est en ligne.

Le décès est déclaré par une certain Alfred Banna, même adresse, et qui figure dans le même foyer au 169 avenue d’Orléans dans le recensement de 1936 à Antony. Mais pas dans le précédent, du moins à cette adresse. Curieusement, Alfred Banna est dit être né à Damas, mais avec le département des Vosges en complément.

Et Jean Yabroudy, dira-t-on… Eh bien, je n’en sais pas plus. Les dossiers militaires des légionnaires ne sont pas accessibles, du moins pas en ligne. Mais qu’apprendrait-il ? Sans doute pas beaucoup plus.

Comme tant d'étrangers, et je pense par exemple à ces polonais qui figurent au monument de Lallaing, découverts lors de l'indexation de Mémoire des Hommes, il a rejoint la Légion Etrangère et il est tombé sur un champ de bataille d'une guerre à laquelle il aurait aussi bien pu échapper.

1. Ce lieu fut un sujet de polémique pendant l’indexation « UnJourUnPoilu » … Car il existe aussi une commune nommée Cumières dans la Marne et bien sûr nombre d’indexations du ont pris ce lieu. Je me borne donc ici à reprendre ce qui se trouve dans la fiche « Mémoire des Hommes » et l’acte de décès.
2. Nom auquel n’avait pas encore été ajouté bien entendu celui du gouverneur général de l’AEF, héros de la France Libre, le guyanais Félix Eboué.
3. A moins que ce soit Cressasi, difficile de se faire une idée définitive mais l’acte de décès indique bien Cressati.

Carte des lieux de ce Challenge AZ