Coup de grisou à la fosse 9 de Barlin
C'est en m'intéressant à Félix Mercier que j'ai découvert cette catastrophe minière. Ce mineur, qui fut donc l'une des victimes, était l'époux d'une cousine au demeurant assez éloignée puisque Marie Lesoin était une descendante de Pascal Joseph Lesoin (sosa 116) et de sa seconde épouse Angélique Foveau, soit une cousine issue de germain de mon arrière-grand-père Achille Groulez.
C'est le 16 avril 1917 que l'explosion s'est produite à la fosse 9 de Barlin, située sur le territoire de la commune d'Hersin-Coupigny. Autrement dit le premier jour de la fameuse offensive Nivelle au Chemin des Dames, celle qui devait gagner la guerre et ne fut qu'une nouvelle saignée meurtrière pour l'armée française.
Les 42 tués de la mine pourraient presque passer inaperçu dans ces circonstances. Lors de l'indexation sur Mémoire des Hommes des "Morts pour la France" de Somain, j'avais bien vu les deux frères Mercier qui y figurent au monument aux morts, et noté que s'il existe bien une fiche sur Mémoire des Hommes pour Constant, Félix en est absent. Pourtant, si on consulte les fiches matricule de l'un et de l'autre, on ne peut que constater que les profils sont très semblables.
A l'époque, je n'avais pas trouvé les actes de décès qui d'ailleurs ne devaient pas encore être en ligne aux archives du Pas de Calais. Ils figurent avec les 40 autres victimes de la catastrophe, sur des actes dressés le 2 mai 1917. Sauf erreur, il n'y eu pas de transcription à Somain, où elle aurait été faite après la guerre puisque Somain, pourtant éloignée de seulement quelques dizaines de kilomètres de Barlin, était occupée par les Allemands.
Les circonstances de l'accident sont décrites sur une page des archives départementales du Pas de Calais. Je ne reviendrai donc pas dessus. On notera qu'un monument à la mémoire des victimes a été érigé.
Monument à Noeux les Mines (source Wikimedia: Jérémy-Günther-Heinz Jähnick, historien, dans le cadre de son inventaire photographique du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais de 2011 à 2013 / Barlin - Fosse n° 9 - 9 bis des mines de Nœux (01) / Wikimedia Commons / GFDL-1.2)
Mais parmi ces victimes, onze figurent aussi dans la base de Mémoire des Hommes, et même deux d'entre eux sont cités comme "Morts pour la France"!
Il s'agit de:
- CARON Gustave Emile Joseph, né le 12-12-1883 à Auchy au Bois (62)
- FONTAINE Arthur, né le 23-06-1872 Rebreuve (62)
- FOURNEL Henri Alfred Octave, né le 20-11-1884 à Mouriez (62)
- GUFFROY Henri Géry, né le 15-09-1886 à Caucourt (62)
- HOUDART Augustin, né le 03-09-1880 à Mazingarbe (62)
- LECOINTE Eugène Auguste Louis, né le 29-08-1884 à Marquise (62)
- LEVERT Armand, né le 02-03-1885 à Somain (59)
- MERCIER Constant, né le 02-09-1881 à Somain(59)
- PETIT Emile François, né le 01-04-1879 à Vitry-en-Artois (62)
- TETELIN François Louis Joseph, né le 15-05-1883 à Fresnicourt-le-Dolmen (62)
- TINCQ Charles, né le 24-05-1881 à Annoeullin (59)
Figurent en gras les deux mineurs qui seraient, selon Mémoire des Hommes, Morts pour la France.
Plus de cent ans après les faits, on se dira qu'il n'est plus très important de savoir si la mention "Mort pour la France" aurait dû leur être attribuée. Ce qui reste, c'est qu'on les avait retiré du front pour qu'ils aillent participer à l'effort de guerre encore, mais au fond de la mine.
Il est sûr qu'ils ne remplissent pas les critères: ils n'appartenaient plus à une unité combattante, ils n'étaient même pas "en mission" militaire auprès des mines mais bien détachés "article 6". On trouvera sur le très précieux forum 14-18 une définition de ce statut qui précise le cas des mineurs avec notamment le cas des mineurs qui, comme les autres ouvriers mis à disposition de l'industrie restent "à la disposition du ministre de la guerre". Est-ce suffisant pour considérer qu'ils étaient ce matin du 16 avril 1917 en service commandé "pour la patrie" lorsque l'accident est survenu? Sans doute pas, mais dans l'esprit, ils sont bien morts pour la France en participant directement à l'effort de guerre. Et d'ailleurs, s'ils étaient retournés exercer leur métier de mineur, c'est bien qu'en haut lieu on avait considéré qu'ils étaient plus utiles là que sur le front.
Enfin, il n'est pas du tout impossible que parmi ces 42 tués de la catastrophe de la fosse 9 de Barlin se trouvent d'autres soldats détachés pour lesquels aucune fiche, plus tard partagées par Mémoire des Hommes, n'a été rédigée. D'ailleurs, il y en a au moins un en la personne de Félix Mercier, époux d'une cousine issue de germain de mon arrière-grand-père.
Post Scriptum : Après la publication de ce post, je me suis rendu compte qu'il était possible d'enquêter un peu plus sur cette catastrophe et surtout ses victimes dont les décès sont pour la plupart dans un même registre à Hersin-Coupigny. C'est ainsi que je me suis rendu compte que le monument comporte au moins une erreur sur le nom d'une des victimes (Ambroise Muzzier serait en fait Ambroise Muller, né à Epinal), plus peut-être quelques petits détails orthographiques moins nets. Un complément ici-même, ou plus probablement dans un autre post, devrait arriver prochainement.