Litchis
Hier, au marché, j'ai acheté des kiwis (des "rouges", c'est sucré et excellent) et des litchis (bio de la Réunion). Et des pommes aussi (des Chantecler), mais c'est moins exotique. Les deux premiers, je n'aurais pas pu les voir au marché de mon enfance, place Saint Amé à Douai. Les kiwis, pour moi, sont apparus dans les années 70. Et encore, ils étaient un produit rare et "de luxe".
Mais revenons à l'idée qui m'est venue en rentrant, en vidant mon panier avec toujours en tête ma promotion au rang de double zéro. Pas 007 mais 006 comme sosa 6 bien sûr. C'est toujours difficile de trouver des traces de nos ancêtres. Pour les moins anciens, à défaut d'en avoir des célèbres, on peut toujours espérer quelques articles dans la presse locale dite ancienne mais qui ne remonte guère à plus d'un siècle. Pas grand chose donc. Et pour nous, que restera-t-il? Sans doute pas grand chose non plus. Peut-être quelques extraits de presse relatant des évènements que nous avons déjà oubliés.
Alors je me suis dit qu'il ne serait peut-être pas bête de laisser quelques témoignages à propos d'évènements somme toute insignifiants mais qui ne le seront peut-être pas tant que ça pour nos descendants.
J'ai donc attendu l'âge de 22 ans pour découvrir l'existence des litchis. Et encore ai-je probablement été un précurseur bénéficiant de circonstances un peu particulières. C'était en juin, c'était quelque part au dessus de l'Asie, peut-être de l'Indonésie et forcément en vol entre Bangkok et Sidney. En juin, c'est à dire en pleine saison des litchis dans l'hémisphère nord, comme je devais me le rappeler bien des années plus tard lorsque j'ai retrouvé ces fruits sur des étals de Canton, dans ces rues toutes proches de l'hôtel international où nous descendions (car c'était pour le travail), mais ces rues où les étrangers n'allaient pas, et où pourtant non seulement nous ne risquions rien mais où, malgré la barrière de la langue, nous étions toujours bien accueillis. Et c'était le meilleur endroit du monde pour acheter du thé, mais c'est une autre histoire.
Revenons à ce vol sur la Thai, il y a si longtemps. Je voyageais seul mais on ne le reste pas longtemps à cet âge là. Et c'est ainsi que je sympathisais avec un autre voyageur, peut-être un peu plus vieux que moi, mais à peine, un néo-zélandais qui rentrait chez lui via Sydney. J'ai complètement oublié son nom! Il avait été sympa pourtant en me passant quelques tuyaux pour Sydney.
Et puis, il avait avec lui quelques fruits étranges achetés à Bangkok que de toute manière il n'aurait pas pu faire entrer en Australie.
Voilà, c'est ainsi que j'ai découvert le litchi. Je n'en ai plus vu pendant quelques années et puis c'est devenu commun. Je les ai reconnus sur le marché, ces fruits que j'avais gouté quelque part entre Bangkok et Sydney.