C comme Carlier
A la lettre « C », je suis obligé d’aller chercher un cousin issu de germains de mon arrière-grand-mère Berthe Blanchart… Du coup, je reste dans la même branche que pour la lettre «B». En effet, Guilbert Auguste Carlier était cousin issu de germain des Blanchart, c’est à dire aussi de ceux évoqués dans le post précédent, descendant lui aussi de Pierre-Joseph Blanchart et Désirée Michez, La branche des paveurs de Bernissart, ou encore les belges.
Bien sûr, il n’existe pas de frontière naturelle entre le Hainaut belge et son cousin français et c’est sans surprise que l’on trouve ces belges venus paver les routes françaises, dans cette région du Nord où l’on parlait alors la même langue(1). Savaient-ils qu’ils envoyaient ainsi tant de leurs descendants se faire tuer(2) dans les tranchées de cette guerre ?
Guilbert Auguste Carlier est né à Tricot, Oise. Il est donc assez peu probable qu’il ait connu ses cousins du Nord. Sa grand-mère, Marie-Catherine Blanchart(3) a épousé à Harchies (Belgique) Marcourt Joseph Hubert et ont eu au moins un fils nommé Jean-Baptiste Florimond Carlier, lequel se marie à Tricot (Oise) le 14 mai 1881 avec Clarisse Anaïs Dufour. Ils auront au moins sept enfants, parmi lesquels l’infortuné Guilbert Auguste.
Arrêtons-nous un instant sur cet acte de mariage en 1881 : le marié est dit originaire de Belgique où vivent toujours ses parents, son père est comme lui terrassier, ce qui n’est pas très loin du métier de paveur de mon propre ancêtre, et sa mère est dite cabaretière, alors qu’on la trouve journalière ou ménagère sur d’autres actes. Le consentement des parents (il a vingt-cinq ans..) a été enregistré par un notaire de la résidence de Pommereuil, province du Hainaut, ce qui n’est pas un usage rare. La mariée, quant à elle est âgée de dix-huit ans et est originaire de Tricot. Si j’en crois l’arbre d’une cousine généalogique(4) Jean Baptiste est décédé en 1940 et était devenu maréchal-ferrant, quant à Clarisse, elle a vécu jusqu’en 1953. Voilà comment ce belge s’est installé dans l’Oise, un peu comme un autre belge, mon trisaïeul, s’est fixé dans le Nord.
Revenons donc à Guilbert Auguste, soldat au 72è RI, tué à au bois de Magival (commune actuelle de Sauvillers-Mongival) dans la Somme le 24 avril 1918. Sa fiche matricule dit qu’il exerçait le métier de laitier. Que faut-il vraiment comprendre ? Il n’a que dix-neuf ans quand il est incorporé…
Un épisode de sa vie militaire doit être noté, il est reporté sur la fiche matricule.
Les grandes mutineries, avec leurs condamnations à mort, sont connues mais ce qui est noté ici éclaire aussi la vie des soldats. Il a été condamné, à cinq ans de travaux publics ( ?) pour «révolte» de plus de quatre militaires et «abandon de poste en présence de l’ennemi» mais avec «circonstances atténuantes admises» (sinon, c’était sans doute le peloton d’exécution). Tué en 1918, il sera amnistié en 1925.
- La langue historiquement utilisée à Tournai est le picard (d’aucuns utiliseraient le mot dialecte, voire patois). On utilise un peu abusivement le terme « wallon » pour désigner l’ensemble des belges francophones. Le wallon, langue relativement proche du picard, est plutôt parlé dans l’est de la Belgique, vers Charleroi ou dans les Ardennes par exemple. Cependant, un locuteur de l’une ou l’autre des langues comprend assez bien l’autre.
- On n’oubliera toutefois pas que les belges, eux aussi envahis, ont également payé un lourd tribut.
- Son frère, François Eugène, paveur, épousera Eugénie Joseph Blervaque : ce sont mes trisaïeuls.
- Nous avons pas mal échangé à une époque, avec emprunts réciproques à nos arbres.