E comme Germain Léon Emaille
Des «E », je n’en ai pas beaucoup dans mon arbre… Et c’est comme ça qu’un cousin issu d’issus de germains de ma grand-mère paternelle est évoqué.
C’est vrai, ça commence à être une parenté assez éloignée, mais somme toute assez proche à l’échelle généalogique. Sa mère est une Lasser, toujours orthographié ainsi au contraire de la branche de ma grand-mère devenue Lassère suite à une facétie de l’état-civil en un temps où les illettrés restaient les plus nombreux. Mais bien sûr, aucun généalogiste n’en sera surpris.
Né à Sars-et-Rosières le 18 avril 1875, il habitait Saméon où il avait épousé Maria Demory en 1907. Ils eurent quatre enfants, ou peut-être cinq(1), la dernière née en 1914 vécut jusqu’en 1997 alors que l’aînée est décédée en 1917 à l’âge de 9 ans.
Lorsqu’il décède le 2 octobre 1918 à l’hôpital de Bry-sur-Marne (94), il laisse donc trois orphelins. Il n’était plus au front : en effet, par décision du gouverneur militaire de Paris, il était passé au 285è régiment d’infanterie territoriale, puis avait été détaché aux usines XXX à Crosnes le 11 février 1918 et affecté au 32è régiment de dragons le 15 du même mois, unité qui figure sur sa sépulture à Bry-sur-Marne.
Ainsi, ce cousin plutôt éloigné me permet d’évoquer ces nombreux soldats qui furent détachés en usine ou dans les mines, que ce soient celles du Pas de Calais ou du Massif Central. Sans doute certains ont-ils pu les considérer comme «planqués», un peu comme les prétendus «jardiniers» du front d’Orient. Pourtant, ils ont participé à l’effort de guerre et les monuments aux morts du Nord portent souvent leurs noms, qu’ils aient été ou non reconnus « morts pour la France »(3).
Enfin, il me permet d’évoquer aussi certaines mentions assez surprenantes rencontrées sur les fiches. En effet, il est dit exercer la profession de boucher mais on a ajouté, manifestement a posteriori, la mention « inutilisable ». Je n’ai pas de réelle explication sur le sens de cet ajout : cela veut-il dire, comme on me l’a suggéré, qu’il était boucher mais ne savait pas tuer les bêtes ? Peut-être… Cela n’a pas empêché l’armée de lui ordonner de tuer les gens. Mais ce n’étaient pas des gens, puisque c’était l’ennemi.
- Quatre ou cinq ? En effet, la fiche matricule de Germain Léon Emaille fait état de son statut de père de 5 enfants vivants. On peut donc émettre l’hypothèse d’un cinquième enfant né peut-être en 1915 ailleurs qu’à Saméon. Je ne l’ai pas trouvé, et il ne figure pas non plus sur la référence ultime en matière de généalogie à Saméon.
- Aimablement transmise par @laxonais (sur twitter)
- A force de rencontrer de tels cas, ma conviction est faite qu’il y eut à l’époque un grand arbitraire dans l’attribution de la mention. Entre le cas d’un secrétaire d’état-major mort de la grippe espagnole mais mort pour la France et celui d’un soldat mort à l’arrière, détaché en usine après avoir été blessé et réformé, mais non mort pour la France, je reste très perplexe.