M comme Auguste Moreau
Dans la mesure où Auguste Moreau était un cousin issu d’issu de germain de ma grand-mère paternelle, j’admets que sommes aujourd’hui dans une situation de capillotractage. Mais enfin, ceux qui nous parlent de cousinage avec les célébrités vont bien plus loin dans cette voie…
Il s’agit d’un membre de la famille Lasser de Saméon(1). L’acte de naissance d’Auguste, le 26 septembre 1873 donne deux informations sur sa famille : son père est tisseur et sa mère fileuse. J’ai souvent rencontré ces métiers, depuis le XVIIè siècle jusqu’à l’orée du XXè. Ils sont typiques de l’ère pré-industrielle : l’industrie textile, celle qui fera les fortunes qui, reconverties, demeurent encore aujourd’hui, utilise encore largement le travail à façon hors de ses usines de Tourcoing. Ses ouvriers sont encore plus ou moins des artisans qui travaillent le plus souvent chez eux, même si, selon des critères modernes du droit du travail, la dépendance est évidente. Comme quoi, l’uberisation n’est qu’un retour aux sources au capitalisme… Au passage, une autre information est donnée par la rédaction de l’acte : « les comparants ont déclarer ne savoir écrire ni signer »
C’est donc dans une famille ordinaire, que l’on qualifierait aujourd’hui de « modeste », qu’Auguste Moreau vient au jour. Je lui connais neuf frères et sœurs nés entre 1866 et 1879. Dont trois Célina qui mourront en bas âge come si une malédiction s’acharnait sur ce prénom tandis que d’autres, comme la benjamine Adeline en 1964, moururent octogénaires à une époque où l’espérance de vie était somme tout bien inférieure.
L’aîné des garçons, Jules est né le 14 mars 1871 à Saméon : il était encore en âge d’être mobilisé le 1er août 1914 et bien entendu le fut. Son affectation à la 1ère section territoriale d’infirmiers montre qu’il avait reçu plus d’instruction que ses ancêtres, et c’est bien ce que veut dire le dégré d’instruction « 3 » porté sur la fiche : il savait lire, écrire et compter. L’instruction publique, laïque et surtout obligatoire était passée par là. A partir de décembre 1917, il est détaché agricole catégorie B. La catégorie B signifie qu’étant originaire d’une région envahie, il a été affecté ailleurs. Non seulement il est revenu vivant de la guerre mais il connut une longévité assez exceptionnelle puisqu’il mourut en 1965 à 94 ans.
L’autre frère concerné par la guerre est François Louis né en 1876. Mobilisé en août 1914, il fut versé au 2è RIT et comme tant d’autres de sa génération fut fait prisonnier à Maubeuge le 7 septembre 1914(2) et fut interné pour la durée de la guerre à Minden. Lui au moins est revenu… A l’époque du recrutement, il est ouvrier agricole. Il finit sa vie, seulement âgé de 54 ans, marchand de charbon.
Il est temps de revenir à Auguste. Comme son frère François Louis, il est versé au 2è RIT lorsqu’il est mobilisé. Pourquoi n’a-t-il pas été fait prisonnier à Maubeuge ? Il est arrivé au corps un peu plus tard que son frère, le 14 août au lieu du 3. Peut-être cela l’a-t-il empêché d’être envoyé à temps en garnison à Maubeuge. Qui sait ? Peut-être aurait-il été libéré d’un camp de prisonniers en 1918, peut-être aussi, comme tant d’autres, serait-il mort en Allemagne des suites des conditions de détention. On ne refait pas l’histoire… Son destin l’a mené près de Reims, om il trouva la mort le 16 octobre 1914 à Port la Neuvillette.
Et enfin, si la fiche Mémoire des Homme indique que le décès d’Auguste Moreau a été transcrit à Anzin le 12 juin 1920, cet acte ne se trouve pas dans le registre d’Anzin en ligne aux Archives Départementales du Nord, et d’ailleurs, pas d’Auguste Moreau dans la table décennale de cette commune. Cette situation n’est pas si rare : le Nord ayant été occupé presque toute la durée de la guerre, les transcriptions n’ont pu être faites avant 1918 et, sans surprise, des erreurs et omissions ont été commises.
1. Saméon dans le Nord évidemment comme la quasi totalité des communes d’origine des ancêtres et cousins plus ou moins lointains cités ce mois ci. Les généalogistes du coin consulteront avec profit le relevé de Saméon ( ) sans oublier de prévenir l’auteur en cas d’emprunt, d’inexactitude (peu probable…) ou de manque (personne n’est à l’abri). Eh oui, je n’allais pas manquer une occasion de rendre hommage à Yvette (nous cousinons, bien entendu).
2. J’y reviendrai bientôt en évoquant un autre parent, bien plus proche à tous points de vue.