J’ai parlé dans le poste…

Publié le par Paddygenéalo

Ce matin(1), à 6h40 j’ai répondu aux questions de Christophe Boisbouvier, journaliste à RFI. En fait, comme on peut s’en douter, l’émission a été enregistrée la veille. De l’entretien, il est resté quelques minutes d’émission. Mais c’est normal, et rien n’a été coupé. J’aurais aimé rendre hommage à Idrissa Ouédraogo, que l’on portait en terre ce mardi 20 février, mais je n’ai su balbutier qu'une ou deux banalités, surpris par une subite émotion.

Il y a quelques jours, RFI a commémoré la mission Blaise Diagne, ce député français du Sénégal. On trouve d’ailleurs sur le site de la radio quelques documents relatifs à sa visite à Ouagadougou et sa rencontre avec Mogho Naaba Koom. Ces images devraient être plus diffusées : elles montrent bien que le royaume Mossi, qui perdurait (et perdure toujours d’ailleurs) sous l’administration coloniale, était une structure organisée, loin des clichés sur une Afrique primitive, et quasiment à l’âge de pierre. Naaba Koom est, sur ces photographies, entouré de ses ministres, avec au premier plan les « sowonés ». L’histoire est frappante : le Naaba, peut-être influencé par sa rencontre avec un Africain, comme lui, qui représentait la France, puissance coloniale, décida d’envoyer un de ses fils et beaucoup de notables mossis firent de même. Peut-être entrevoyaient-ils un destin, avec la France ou sans elle après la fin des hostilités(2).

C’est donc dans ce contexte que j’ai été interrogé par Christophe Boisbouvier. Bien sûr, je lui ai dit quand il m’a contacté que je n’étais ni historien, ni spécialiste de quoi que ce soit, mais juste un des nombreux bénévoles participant à l’indexation des fiches Mémoire des Hommes dans le cadre du "défi un jour un poilu" et que je me suis intéressé plus particulièrement, en plus de ceux de l’arrondissement de Douai, aux poilus venus du Burkina parce que, depuis plus de trente ans, j’ai des liens personnels avec ce pays, dont est originaire mon épouse. Au fond, c’est peut-être le côté amateur qui l’intéressait.

Alors bien sûr, la mission Blaise Diagne a été évoquée. Je ne pense pas qu’elle ait eu une influence réelle sur le cours de la guerre car les tirailleurs ainsi recrutés n’ont pu, au mieux, que participer aux offensives finales. Sans doute, y eu-t-il pas mal de tués… Pour le Burkina, je ne sais pas, je n’en suis pas encore à cette classe là.

Mogho Naba Koom 2 (site RFI)

Mogho Naba Koom 2 (site RFI)

Ce qui est sûr en revanche, c’est que dès 1914 des soldats venus de ce qui est aujourd’hui le Burkina Faso ont été tués sous l’uniforme français. Si je n’en ai pas manqué, les premiers sont tombés le 21 septembre 1914 à Lassigny dans l’Oise, aux confins de l’Aisne(3). Ils s’appelaient Kowi Dana et Makan Sanon (ou peut-être Sanou…) Quelques autres sont tombés dans les jours suivants, au même endroit. Le premier dont la sépulture me soit connue est Fadouga Ouattara, mort à Epernay le 8 octobre 1914. Car, bien que leurs cendres n’aient certainement pas été transférées en Afrique, et même s’ils ne sont pas notés « disparu au combat », la sépulture de trop de ces soldats n’est pas, n’est plus, connue. D’autres ont été fauchés un peu plus tard dans le Pas de Calais, à Saint Nicolas pas très loin de chez moi donc. L’un d’entre eux se nommait Nobila, il était originaire de Tenkodogo. Il appartenait au « régiment sénégalais du corps d’armée colonial ».

Et puis, il y a tout ce qui n’a pas été dit au cours de ce bref entretien. Comme par exemple l’état de l’avancement de l’indexation des poilus venus des colonies. Il a beaucoup progressé ces dernières semaines, sans doute aussi parce que beaucoup de départements français sont maintenant complets, à commencer par le Nord(4). Il reste encore quelques milliers de fiches, ce qui n’est pas grand-chose en comparaison du million et demi déjà indexées.

J’ai parlé dans le poste…

Si le Niger est complet depuis un moment, on voit qu’il reste à faire ailleurs. Mais la progression récente est forte et on peut raisonnablement penser que l’objectif de 100% au 11 Novembre 2018 sera atteint.

Et avec un peu de chance, quelques auditeurs africains de RFI rejoindront la « task force 1J1P » !

  1. Emission du 21 février 2018
  2. L’histoire des anciens combattants de la seconde guerre est mieux connue, en particulier avec la cristallisation des pensions, dont le montant ne fut plus réévalué après 1960, jusqu’à une mesure tardive dans les années 2000 alors que beaucoup d’entre eux avaient disparu.
  3. Coïncidence, Lassigny n’est pas bien loin de Bitry, d’où est originaire une partie de mes ancêtres via mon arrière-grand-mère.
  4. Le Nord étant complet, j’ai remis à plus tard le recensement des poilus de l’arrondissement de Douai, où il me reste les dernières communes, les plus grandes.

PS: en consultant la transcription sur le site de RFI, je constate que parler, c'est un métier...Et les pros savent que ça va être retranscrit, et adaptent...Pas moi. Et puis tiens, à la fin, il est fait mention du décès d'Idrissa Ouédraogo. C'est étrange, je n'ai pas entendu cela en écoutant la radio ce matin à 6h40

Publié dans 14-18, Burkina

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