ANZAC Day
Un jour de l’été 1980, j’étais à Alice Springs. C’est une petite ville au milieu de nulle part et à l’époque j’y étais arrivé en bus après un très long voyage depuis le sud, depuis Adelaide, et avant un autre très long voyage vers le nord, vers Darwin. Comme ailleurs durant ce périple, je logeais à l’auberge de jeunesse, ce n’était pas bien confortable mais c’était bon marché, et assez sympa. Le fait est qu’à part aller à ce qui s’appelait alors Ayers Rock, et qui est tout de même assez loin pour qu’une nuit sur place se soit imposée, il n’y a pas grand-chose à faire à Alice Springs…
Alors, j’ai été voir ANZAC Hill, d’où on a une vue sur la ville et son environnement.
A l’époque, je n’avais aucune idée de la signification de cet acronyme. Et je n’avais non plus aucune idée de l’existence d’un contingent venu du bout du monde combattre sur les champs de bataille de la première guerre mondiale. Ce n’est que des décennies plus tard que j’ai entendu parler pour la première fois de ces soldats qui escaladèrent les remparts du Quesnoy.
D’ailleurs à l’époque, cette première guerre mondiale était juste un évènement lointain : je me souvenais bien du cinquantenaire de l’armistice, de notre visite à la clairière de Rethondes avec l’école, qui avait sans doute un autre sens pour nos maîtres. Mais la guerre 14, l’autre guerre, m’était assez étrangère.
Sans doute aujourd’hui, si je retournais à Alice Springs irais-je de nouveau sur cette colline qui domine la ville, sans doute aussi admirerais-je le paysage, en le comparant certainement à d’autres contrées que je ne connaissais pas en 1980.
Seulement j’aurais une autre perception de ce lieu, je m’arrêterais devant le monument et penserais à ces hommes venus mourir chez moi.