Pépé, 36 ans déjà

Publié le par Paddygenéalo

Parfois, consulter les dates anniversaires que propose Geneanet se révèle surprenant, et réveille des souvenirs...

Et celui-là, il restera présent, toujours. Il doit être environ midi, on est fin avril, ou plutôt début mai, car si j'ai l'image précise de ce moment, je ne sais pas exactement quel jour c'était. Je suis dans le hall du bâtiment administratif de l'INSET d'Abidjan, c'est là que l'on reçoit le courrier. Et ce jour là, j'ai une lettre qui viens de chez moi et je reconnais l'écriture de mon père sur l'enveloppe. Nous sommes en 1982, c'est encore par écrit que l'on s'échange les nouvelles, sur du papier.

Et sur cette feuille là, je trouve une nouvelle terrible: pépé est mort.

C'était il y a 36 ans, c'était hier. C'est un instant qui n'a pas d'âge, qui est sorti du temps. Bien sûr le temps a passé, et il y a eu tellement d'autres moments, de bonheur, de malheur. Pourtant, quand je pense à toi, quand je vois de vieilles photos, c'est lui qui revient.

Et aussi ce soir de septembre 1981, quand je suis venu vous dire au-revoir, à Mamie et à toi, juste avant de partir en "coopé" en Côte d'Ivoire. Je me souviens de tes conseils, que bien sûr je n'ai pas suivis. Vous m'avez accompagné à la porte, je suis parti par la rue Saint Jean. Sans doute me suis je retourné, vous ai-je fait un signe. Inconsciemment, je savais peut-être que c'était un adieu, mais j'étais bien trop jeune pour l'admettre.

Quand je suis revenu chez vous, en juillet 1982, tu n'étais plus là. Mamie était seule. Elle allait rester avec nous encore une dizaine d'années, assez pour connaître ses arrières-petites-filles. Bien sûr, les années ont passé, les évènements, heureux et malheureux, se sont succédés. Cet instant, où nous n'étions que tous les trois, est éternel.

 

Pépé, 36 ans déjà

Tu vois, c'est une photo de toi tel que je ne t'ai jamais connu que j'ai choisie. C'est toi en militaire, en 1921, c'est celle de ton livret.

Parce que ce que j'ai envie de te dire, aujourd'hui, c'est qu'au travers de la construction de cet arbre généalogique, je te connais sans doute mieux maintenant. Tu étais mon grand-père, comment pouvais-je penser à ce garçon de quinze ans dont le père décède en 1916? Et à ce jeune homme qui était sans doute promis à des études, comme ses frères, et va devenir coursier au Bon Marché.. Comment as tu vécu ce passage de l'immeuble plutôt cossu de l'Avenue Félix Faure à celui, vieillot et dans un quartier bien plus populaire de la rue de la Grange-aux-Belles? Tout près de là où ta mère a grandi, dans le XIXè.

Ensuite, je ne sais pas comment tu es revenu dans le Nord où les hasards de la vie de ton ingénieur de père t'avaient fait naître. L'hypothèse qui me paraît la plus vraisemblable est que vous avez suivi ton frère Jean, celui qui ensuite a "disparu" et que tu habitais alors rue Saint Albin, avec ta mère. Peut-être aussi avec Jean, voire avec sa famille, mais j'en doute puisqu'à votre mariage, à Mamie et toi, si ta mère est "présente et consentante", les témoins sont l'oncle de Mamie, Adolphe, oui le mari de la tante Jeanne, et Francis, ton beau-frère.

Après, je ne peux qu'imaginer ta vie. Je sais vaguement que tu as échappé au STO mais j'ai aussi, grâce à cet album de timbres que tu m'as transmis, quelques cartes postales, quelques étiquettes de colis aussi, qui attestent que tu vendais toujours des chaussures pendant la guerre. Tiens, voilà que je pense à cette commande d'espadrilles, la chaussure des mineurs... Je n'ai pas connu la maison de la rue de Marchiennes où vous habitiez. Et si peu le garage près de la Scarpe où tu garais la camionnette Citroën, mais eux j'en ai une image, vague. C'est bien celle de la rue Saint Jean qui est dans tous mes souvenirs. La tondeuse, la première, mécanique. Les outils dans le débarras. Les rosiers. Les fraisiers aussi, mais plus tard. Les jeux dans le jardin avec les cousins et cette tente que nous construisions avec un vieux parasol et d'aussi vieilles couvertures. Tu nous regardais d'un oeil bienveillant. Nous étions enfants, tu étais éternel.

D'ailleurs, tu l'es toujours, éternel. Au moins tant que tu vis en nous.

Publié dans Généalogie

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