Projet Flines (2)

Publié le par Paddygenéalo

Après avoir constaté que je n’apprendrais pas grand-chose de plus de la descendance de Louis Joseph Blervaque (1790-1865 sosa 90) et Marie Thérèse Cochez (1791-1849, sosa 91), je suis passé au couple suivant, en l’occurrence mes sosa 92 et 93, Jean Baptiste Delannoy (1792-1875) et Marie Chemin (1794-1877). Je m’attendais à trouver du monde…Je connaissais des fratries assez grandes, mais j’ignorais si elles avaient une descendance. A la fin, partant de 113 descendants, je suis arrivé à 249(1), en 5 à 6 générations (ça dépend des branches et on ne va jusqu’à la huitième que dans la seule qui s'étende vraiment jusqu’aux contemporains, la mienne).

Projet Flines (2)Projet Flines (2)

Je me suis amusé à tracer ces deux graphiques fort simples montrant la répartition des lieux de naissance et de décès des 250 personnes concernées. L’immense majorité de ces évènements concerne l’arrondissement de Douai, même si on détaille les « divers », et ce n’est que l’époque tout à fait contemporaine qui apporte des naissances ailleurs (d’accord, il y a quand même avant cela un belge, et Abscon n’est pas, de justesse, dans l’arrondissement). Pour les décès, il y a quelques lieux un peu plus « exotiques » liés à des évènements particuliers et en premier lieu à la guerre de 14-18 (la Marne, mais aussi la Macédoine).

La comparaison des deux graphiques me semble aussi intéressante : on voit bien une migration vers la ville, qui est encore plus évidente si on sait que la catégorie « divers » comprend l’agglomération lilloise et aussi celle de Paris. Aucune surprise en réalité, cela correspond bien à l’exode rural, d’abord par un déplacement vers la partie plus industrielle de l’arrondissement (qui se traduit aussi par des naissances, en particulier à Roost-Warendin). Douai est jusqu’au milieu du XXè siècle « la ville » vers laquelle on va, la tendance change ensuite(2) et l’on en part aussi, vers Lille ou la région parisienne notamment.

Entre ces deux évènements, ils ont vécu. Une vingtaine a exercé le métier de mineur, quelques uns ont été artisans ou commerçants. Et la quasi-totalité des femmes fut « ménagère », certaines ayant eu un métier (souvent couturière) avant leur mariage. Tiens, j’ai aussi 3 comptables, une sage-femme, un notaire, un porteur de briques qui deviendra directeur de société et sans oublier un garde-chasse (c’est bien ce qu’il y a de plus proche du raton laveur). Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur tout ce monde, mais les documents manquent, ou alors je ne sais pas les chercher.

Alors je vais m’arrêter un instant sur les deux cas extrêmes trouvés dans cette branche. On dit souvent que dans toute généalogie on a un roi et un pendu. Je ne les ai pas trouvés ici mais presque : un député et un bagnard d’ailleurs contemporains et qui ont très bien pu se croiser.

A vrai dire, le député est une pièce rapportée : c’est le père de Charles Gognau, lui-même époux de Paule Delannoy, cousine (directe cette fois) de mon arrière-grand-mère Berthe Blanchart. Charles est le fils de Charles Gognau, député du Nord. Et c’est écrit sur son acte de mariage, sinon je n’aurais pas identifié cet élu, qui a pourtant donné son nom à un square de Dorignies(3).

Projet Flines (2)

Charles Gognau le fils a aussi une particularité : il serait décédé en 2000, à l’âge donc de 105 ans et serait donc le premier centenaire rencontré dans mon exploration généalogique. Malheureusement, je n’ai pas pu trouver de document confirmant cette information qui figure sur plusieurs arbres Geneanet. Revenons donc au père dont l’histoire est assez éclairante sur son époque. Charles-Louis Gognau (père, on dira Charles-Louis pour distinguer du fils) est né en 1872 et dès l’âge de 9 ans il travaille à la verrerie de Dorignes avant de devenir galibot. Dangereux gauchiste, il rejoint le syndicat et très vite en devient l’un des leaders. Il est licencié pour fait de grève en 1889 mais reprend le travail de mineur à la compagnie des mines d’Aniche, ce qui explique sans doute son mariage à Somain en 1895 avec Stéphanie Dupriet, la mère de Charles, dont il divorcera en mars 1921 ainsi que noté en marge de leur acte de mariage . La date est surprenante : ils sont présentés comme encore époux lors du mariage de leur fils en avril 1921 à Lauwin-Planque. Charles-Louis fut réélu député jusqu’en 1932, et conseiller général jusqu’en 1940. Il décède à Douai en 1960(4).

Charles Goniaux

Passons donc au bagnard dont l’histoire, au travers du peu que j’ai pu en retrouver, est tout aussi édifiante sur cette époque. Louis Delannoy est né le 18 mai 1870 à Flines-lez-Raches mais très vite sa famille s’installe à Roost-Warendin. C’est un cousin germain de mon arrière-arrière-grand-mère victorine Delannoy, mère de Berthe Blanchart citée plus haut comme cousine de l’épouse de Charles Gognau. Même si c’est une autre génération, alors qu’ils sont contemporains, c’est encore, à l’échelle généalogique, une parenté fort proche. Si son premier frère, Charles, nait lui aussi à Flines, le benjamin Alexandre nait à Roost-Warendin, où leur père est devenu mineur, en 1875. Malheureusement, leur mère meurt en 1877, deux semaines après le décès d’Alexandre. Le veuf ne lui survivra pas très longtemps : il meurt à son tour en février 1878. Charles, le second fils, s’en sortira, se mariera et aura 7 enfants, à Orchies. Le destin de Louis fut plus tragique.

Fiche aux ANOM

Fiche aux ANOM

Sa fiche de bagnard conservée aux ANOM nous apprend qu’il a été condamné à sept ans de travaux forcés pour « avoir mis le feu à un édifice appartenant à autrui, lequel édifice était habité ». Il fut envoyé au bagne de Nouvelle-Calédonie, bien moins connu de nos jours que celui de Cayenne Néanmoins, il fut dispensé de l’interdiction de séjour. Son dossier dit qu’il sait lire et écrire, cependant il est très mal noté et qualifié d’ivrogne. Plusieurs nouvelles condamnations sont notées après 1900, alors qu’il a donc purgé sa peine, toujours pour voies de fait qui semblent bien liées à son penchant pour l’alcool que le séjour en Nouvelle-Calédonie n’a pas dû améliorer. Son décès, survenu à la presqu’île Ducos le 22 mai 1904, a été transcrit à Roost-Warendin dès août 1904. Charles Louis Cognaux n’était pas encore député.

Bien sûr, j’aurais pu m’arrêter sur d’autres cas. Ceux là m’ont paru tellement opposés alors que les origines des deux personnes sont finalement assez proches que je les ai mis en avant.

Sans doute serai-je amené à compléter encore cette branche où les feuilles sont nombreuses, pour l’instant j’en reste là et suis déjà passé à la suivante, celle des descendants d’Hypolite Deregnaucourt et Marie Catherine Decloquement, mes sosa 92 et 93.

  1. Sans compter ceux qui me sont connus mais ne figurent pas dans mon arbre, notamment mes cousins germains.
  2. Cela correspond d’ailleurs à l’évolution de la population de Douai qui a crû jusqu’aux années 1960 pour culminer à environ 50000 habitants (intra-muros, sans l’agglomération) et diminuer ensuite (environ 40000 aujourd’hui).
  3. Dorignies est un des « hameaux » de Douai, c’est là que se trouvaient des puits de mines, et donc des corons. Le nom du square est orthographié Goniaux : les généalogistes ne seront guère surpris d’apprendre que diverses graphies sont utilisées…
  4. A propos de Charles-Louis, on pourra consulter l’article Wikipedia qui lui est consacré et sa notice sur le site de l’Assemblée Nationale sans oublier l'article du Maitron, le plus complet

Publié dans Généalogie, Lieux

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