Vosges, Colombe Marie
C'est joli comme prénom Colombe, non?(1) Mais ce n'est pas la raison pour laquelle je me suis décidé à mettre ici quelques lignes à propos d'elle. Pendant longtemps, elle fut une feuille isolée de mon arbre: je connaissais ses parents, ses soeurs et son frère qui ne s'est jamais marié. Mais d'elle, à part qu'elle est née le 2 juillet 1866 à Maubeuge, pas grand chose. Elle restait une énigme: pas de mariage noté dans l'Etat Civil, pas de décès en bas âge à Maubeuge (ce qui est souvent l'explication d'une disparition des tables décennales ultérieures). J'étais donc arrivé à la conclusion qu'elle s'était probablement mariée ailleurs et qu'un jour ou l'autre elle pourrait apparaître comme épouse d'un batelier, et pourquoi pas d'un autre cousin.
Pour situer Colombe, disons qu'elle est une cousine directe de mon arrière-grand-père Clotère Charlemagne Bernard. Au bémol près qu'ils ne partagent que leur grand-père Louis Joseph Raviart (mon sosa 50), étant descendants de chacune de ses deux épouses. Mais on ne va pas s'arrêter à cela. Louis Joseph, de Nivelle, était conducteur de bateau ou haleur selon les documents. Son fils, Benoît Joseph fut batelier, puis éclusier à Maubeuge où est donc née Colombe en 1866, 13 ans après sa soeur la plus jeune, à moins bien sûr que j'en ai manqué, mais je ne crois pas car la famille semble bien installée à Maubeuge où ils sont éclusiers. Malheureusement, Colombe perd son père en 1882 puis sa mère Victorine Martin en 1885. C'est son frère, Benoît Antoine, né en 1852 qui devient son tuteur (ce que je n'ai découvert qu'en lisant l'acte de mariage de Colombe).
J'en étais là et il me semblait à peu près impossible de trouver un mariage ou un décès. Il n'y en avait pas à Maubeuge, et pas non plus dans les tables décennales des villes où elle aurait pu chercher du travail dès qu'elle a été en âge de le faire.
Et aucun arbre en ligne pour débloquer la situation. Aucun document non plus. Jusqu'à ce que je pense à utiliser les variantes! Et là surgit une Colombe Marie Raviard, avec un "D" au lieu du "T" habituel. Pour une époque où lire et écrire n'est pas si commun, il n'y a pas lieu de s'étonner.
Le nom correspond, l'âge colle, elle serait décédée le 21 février 1924. Mais comment diable serait-elle arrivée jusqu'à Neufchâteau, dans les Vosges. C'est bien sur la Meuse, mais tout de même... A ce stade, rien ne prouve que ce soit elle, mais l'avis de décès donne aussi un nom de mari. A la réserve près que Duval est un nom assez courant. Où le chercher? Dans les Vosges? Ailleurs?
Heureusement, si les AD88 n'ont pas mis en ligne l'état civil du XXè siècle, ils ont les recensements et la coupure de presse donne une adresse! En effet, celui de 1921 a bien un couple qui correspond.
Bien sûr, ce prénom Justinien (l'explication viendra plus tard) ne correspond pas à la coupure de presse, mais en revanche le lieu de naissance de Colombe est le bon: Maubeuge! Là, je n'ai quasiment plus de doute: c'est bien elle. Le couple est concierge au service d'un certain Chapier, même adresse. Malheureusement, je n'ai pas réussi à en savoir plus.
Mais le lieu de naissance de l'époux, M Duval à ce stade puisque le doute sur le prénom est permis, est indiqué: il était natif de Pommera. Encore un lieu qui ne me dit rien. Et pourtant, une petite recherche montre que c'est dans le Pas-de-Calais, au sud-ouest d'Arras, plus près de Doullens d'ailleurs. C'est le Pas-de-Calais rural, tant à l'époque qu'aujourd'hui. Avec son âge selon le recensement, même si on sait que cette donnée n'est souvent pas très fiable, il ne fut pas bien compliqué de le retrouver via les tables décennales puis le registre d'état civil de sa naissance, où l'on découvre qu'il avait trois prénoms "Florent Henri Justinien", ce qui permet de raccorder la coupure de presse et le recensement. Là les bien petits doutes résiduels s'envolent.
Et comme nous avons un homme, nous avons virtuellement une fiche matricule(2). En effet, on le trouve au recrutement de Béthune 1881, matricule 1497.
Notons qu'il mesurait 1m75: un géant pour l'époque! La partie "adresses successives" dont tout généalogiste connait l'intérêt, dit qu'il habite Neufchâteau dès 1899, au 21 rue des Vosges. Alors n'hésitons pas et voyons ce que disent les recensements.
Et deux filles! Pour tout dire, je ne l'avais pas vu l'autre soir(3): ce n'est qu'en rédigeant ce post (c'est aussi à ça que ça sert) que j'ai pensé aux autres recensements et surtout à l'adresse qui figure sur la fiche matricule. Adresse trompeuse d'ailleurs car la famille est bien au n°21, mais de la rue des Vosges "prolongée"!
Germaine n'est pas née à Pommera. Mais où était donc la famille en 1892 ou 1893? Il y a bien un arbre sur Geneanet qui indique une Germaine Aline Duval mariée en 1913 à Neufchâteau mais l'époux se remarie en 1919. C'est probablement elle, mais que lui arrive-t-il? Est-elle décédée? A-t-elle divorcé? Aucune ressource en ligne actuellement disponible ne semble pouvoir le dire.
Aux recensements suivants, la famille, pas plus que ce M Chapier qui semble l'employeur, ne figure à cette adresse rue des Vosges prolongée. Et pas encore à celle de 1921. Bien sûr, je pourrais parcourir toutes les pages, ce n'est d'ailleurs pas une tâche insurmontable. Tout serait tellement plus simple si les AD88 avaient mis en ligne les registres du début du XXè siècle. Peut-être arriveront-ils...
En ce qui concerne sa soeur aînée, Suzanne, comme elle est née à Pommera son acte de naissance est accessible et il indique qu'elle s'est mariée en 1912 à Neufchâteau avec un certain Emile Renard dont on peut ensuite trouver la fiche matricule une fois que l'on a compris la subtilité du centre de recrutement "Epinal ex Neufchâteau"... Tiens, il n'y a pas que celui, bien connu pour moi, de Valenciennes-Douai qui perturbe les néophytes.
Le couple aurait eu deux enfants selon un arbre publié, mais comme il m'est impossible de vérifier quoi que ce soit, je me contenterai, pour le moment de les relier sur Geneanet uniquement(4), et pas dans mon fichier source(5).
Et j'en resterai donc là pour ce présent post, qui avait juste pour objectif de montrer qu'en partant de pas grand chose, on peut reconstituer des vies, ou au moins quelques étapes, et une descendance.
- Ce post est une tricherie, je l'avais déjà publié en juillet à un moment où je n'envisageais pas de participer au Challenge AZ et où évidemment le thème n'était pas même une hypothèse. Il est donc repris à la date qui correspond au "V".
- Les AD62 proposent deux modes de recherche des conscrits: par le nom ou via la table alphabétique puis le registre. Jusqu'à récemment utiliser la première bloquait la seconde. La seule solution était d'éliminer les cookies du site. Les AD62 ont migré leur site, il me semble que ce problème (qu'ils avaient toujours nié) a été résolu à cette occasion.
- Me voilà donc avec une fille que je n'avais pas et dont je ne sais pas où elle est née, en 92 ou 93. Pas vue à Pommera, et certainement née avant l'arrivée dans les Vosges. Mais où?
- Via des "liens inter-arbres" fonctionnalité en Béta-test depuis bien longtemps...
- Oui, oui, mon fichier très personnel sous Excel qui génère le gedcom servant à partager tout cela sur Geneanet.