Londres, où on vend des chaussures
La généalogie en Grande-Bretagne est un loisir pour gens fortunés : seul des index sont accessibles sans coût mais une demande d’acte est facturée 11 livres(1). En conséquence, la documentation relative aux personnes citées ici est limitée à ce que j’ai pu trouver directement, gratuitement et sans délai.
Cette publicité a été publiée dans un journal de Londres en 1862(2) et permet de savoir que Louis César Groulez y fabriquait et vendait des chaussures, activité fort peu surprenante puisque plusieurs Groulez furent cordonniers à Marchiennes, Nord. Né le 11 mai 1816, il était un cousin germain de mon sosa 56 François Joseph Groulez, lui aussi cordonnier(3) comme son père et son grand-père commun avec Louis César. Je ne sais en revanche pas pourquoi, ni de quelle manière, ce cordonnier de Marchiennes est allé s’installer à Londres. Je ne sais pas non plus quand mais en tout cas avant 1851 puisqu’un recensement à cette date le situe déjà à Londres, et plus précisément Goldsmiths Place dans le borough de Tower Hamlets (c’est toujours le recensement qui le dit), c’est à dire un quartier assez central(4).
Ce document, à peu près le seul que j’ai pu trouver est fort intéressant puisqu’il donne les noms de plusieurs personnes vivant semble-t-il au même endroit, et en particulier une certaine Elise Farwell, dite mariée alors que César est lui célibataire. Elle a deux enfants dont César n’est a priori pas le père. A cette époque, rien n’indique qu’ils forment un couple. Il y a aussi un certain Charles Groulez qui est aussi cordonnier (il est dit shoe maker journeyman, ce dernier terme pouvant signifier « compagnon » au sens de l’artisan). Il n’est autre que le frère de César, né lui aussi à Marchiennes, un peu plus tard, le 3 novembre 1824.
Ensuite, difficile de savoir exactement. Quand César décède en 1862, son frère est son exécuteur testamentaire. César laisse un héritage d’une valeur supérieure à 1000 livres mais inférieure à 1500, ce qui semble une somme considérable si j’en crois le site « measuringworth.com » qui estime que 1000£ de 1862 représentent 95000£ en pouvoir d’achat d’aujourd’hui, voir beaucoup plus si on considère ce que cela peut représenter en tant que valeur d’entreprise. D’ailleurs, quand on retrouve la trace de Charles Groulez, il est dit rentier.
En creusant encore un peu, les rares sources britanniques indiquent qu’il a existé un Charles César F. Groulez décédé à l’âge de 26 ans en 1888. Serait-il le fils de Louis César et de celle qui par la suite est dénommée, toujours dans les registres britanniques, Eliza Groulez et qui décède en 1899? Je le pense, mais aurai du mal à le prouver(5). On trouve encore trace d’une Emilie Groulez et d’une Leonie Eugennie Groulez dont rien ne me permet de prouver un lien avec César.
Quand à Charles, son frère, il rentre en France. Je ne sais pas quand. Mais avant 1887 car à cette date il épouse Julie Groulez qui n’est autre que sa nièce ! L’acte de mariage précise d’ailleurs le lien de parenté sans pour autant citer de dérogation. Mieux, la fille de Julie, Matilde née en 1876 à Abscon, Nord, est reconnue comme fille de Charles. Quant à moi, je veux voir dans ce mariage un arrangement visant à assurer à cet enfant une position sociale que sa situation d’ « enfant sans père » pouvait lui interdire. Elle épousera un instituteur qui décédera fort jeune en 1905, à 38 ans. Elle en revanche vivra jusqu’en 1955, à Lille.
Et c’est à Lille aussi que décède, le 12 avril 1903(6), Charles Groulez qui vécut à Londres au milieu du XIXè siècle et y fabriquait des chaussures.
- Je me suis amusé à calculer le prix de revient de mon arbre généalogique si les administrations françaises et belges appliquaient les mêmes tarifs : plus de 120000€…De plus, il ne me semble même pas possible de consulter ces documents, seule la demande à distance semble permise. Et prohibitive donc. Geneafinder a publié à la lettre "B" du présent Challenge AZ une liste de ressources pour la recherche généalogique en Grande-Bretagne
- London Stratford Times And South Essex Gazette du 23 août 1862
- C’est le dernier parmi mes ancêtres : son fils Achille sera boulanger.
- Je ne suis pas un expert de la géographie londonienne. Et même je peux dire que je connais très mal Londres.
- Je ferai une mise à jour si je me décide à investir 11£ une fois que j'aurai assez caractérisé son décès
- Il est alors veuf depuis 1898