Russie, Argentine, Etats-Unis? Partir et revenir

Publié le par Paddygenéalo

Au début, je pensais à la Russie, et rien qu’elle, pour la lettre « R » mais je me suis vite rendu compte que la matière était assez faible et que même en tirant à la ligne, ce serait dur. Alors, j’ai un peu changé mon fusil d’épaule. Nous irons bien en Russie, mais ailleurs aussi, pour évoquer ces parents voyageurs, des cousins mais aussi un arrière grand-oncle. De nos jours, s’établir temporairement à l’étranger n’a rien d’exceptionnel: je l’ai moi-même fait deux fois et je serais bien incapable de compter mes amis et connaissances qui ont eu cette expérience, tant ils sont trop nombreux. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment une aventure, on n’est jamais vraiment loin(1). Au début du XXè siècle, il n’en allait pas de même. Pourtant, certains partaient au bout du monde. Exceptionnellement, le post d’aujourd’hui sera découpé en trois sections sans autre lien entre elles que le titre « partir et revenir ».

1 Vladicaucause

Voilà un lieu improbable, dont je n’aurais sans doute jamais entendu parler s’il ne figurait sur la fiche matricule de Florent Blanchart(2).

 

Russie, Argentine, Etats-Unis? Partir et revenir

Vladicaucase se trouve bien en Russie, en Ossétie du nord. C’est un centre industriel où l’on travaille le plomb, le zinc, et plus généralement où l’industrie chimique est importante. Or le plomb et le zinc, c’est aussi la spécialité de la Compagnie Royale Asturienne des Mines, établie à Auby(3). Selon sa fiche matricule, Florent est ajusteur mécanicien et réside à Vladicaucase, et ses parents, Jules Blanchart et Athénaïse Noé aussi. Il est né en 1884, on peut donc supposer que la fiche décrit la situation de 1904, ce qui ne serait pas incompatible avec son mariage en 1911 à Dourges, Pas-de-Calais, ni avec la présence attestée de son père dans la région du Nord puisqu’il est témoin de mariage en 1908. Si Florent est dit ajusteur, son père est quant à lui fondeur, probablement de zinc. Combien de temps ont-ils passé là-bas ? Difficile de savoir, mais il est probable qu’au retour Jules se soit installé épicier.


Par curiosité, j’ai cherché Vladicaucase sur Geneanet : on trouve des russes qui émigrent à l’ouest un peu plus tard, mais aussi des belges et plutôt des cadres probablement envoyés là bas dans une usine dont je n’ai pas trouvé la trace. Il est vrai que la révolution a ensuite un peu brouillé les cartes.


Florent revient, se marie, a un enfant et puis se fait tuer à Souain. Sort qui sera également celui de son fils en 1940, mais ça aussi je l’ai déjà évoqué.

 

2 Buenos Aires


Ici aussi, c’est une mention sur une fiche matricule qui me permet de savoir que Léon Groulez, fils d’Achille et de de Philomène Lesoin mes arrière-arrière-grands-parents et donc aussi oncle de ma grand-mère, s’est rendu à Buenos Aires en 1908. C’est un long voyage, qu’allait-il faire si loin ? A l’époque, il est probablement domicilié à Paris, dans le XIIIè arrondissement, rue Pinel comme indiqué sur sa fiche matricule dans la liste de ses résidences. On trouvera aussi à cette adresse sa sœur Marthe et son mari Louis Berthier, qui est boucher comme Léon. Ce dernier est-il employé par son beau-frère qui est son aîné de près de vingt ans ? Cela me semble assez probable : n’oublions pas qu’au décès de ses parents, Léon Groulez est enfant(4). Il a peut-être appris le métier de boucher avec son beau-frère.
Toujours est-il qu’il fait un long voyage en 1908 pour se rendre en Argentine. Le fait-il en lien avec son métier ? Ou dans l’idée de rester là-bas ? Ceux qui auraient peut-être pu répondre ont disparu depuis longtemps et plus personne dans la famille ne se souvient de Léon, et encore moins de son voyage en Amérique du Sud. Sauf ceux qui ont consulté sa fiche matricule, c'est-à-dire pas grand monde.

 

 

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Paseo de Julio, où réside Léon à Buenos Aires

Paseo de Julio, où réside Léon à Buenos Aires

3 Un autre mineur en Amérique


Victor Jaspart est né en 1878 à Pecquencourt(5), Nord, et il se marie à Mazingarbe, Pas-de-Calais en 1901. Sa mère est Sophie Lesoin, c’est par elle que nous sommes apparentés : c’est un cousin issu de germain de mon arrière-grand-père Achille Groulez, et donc aussi de Léon Groulez cité plus haut(6). Sophie Lesoin, ce nom éveillera peut-être un vague souvenir chez ceux qui auraient encore en tête le premier article de ce Challenge AZ. D’ailleurs, une Jaspart y est aussi cité, Juliette, la sœur de Victor.


Victor se marie en 1901 à Mazingarbe et c’est avec son épouse, et pas mal d’autres Jaspart, qu’il part en Amérique où il arrive en 1907 sur La Lorraine, comme Rosa plus tard(7). Peut-être se dirige-t-il chez ses cousins Wuilliez, qui sont dans l’état de New York mais c’est finalement à Lansing, Ohio qu’on le retrouve. Puis, en 1910, il est de nouveau à Mazingarbe. Le 6 mai 1911, il arrive de nouveau à Ellis Island, cette fois à bord du Provence, son épouse le rejoint le 5 août de la même année, elle aussi sur le Provence.

Russie, Argentine, Etats-Unis? Partir et revenir
Russie, Argentine, Etats-Unis? Partir et revenir

La guerre les trouve outre-Atlantique. La formule consignée sur la fiche matricule est intéressante, car il est comme tout le monde mobilisé en 1914 (il a 36 ans) : « n’a pas rejoint (résidait en Amérique) n’a pas été touché en temps utile par un ordre d’appel, reçoit une affectation de réserve ». On a en fusillé pour moins que cela.. Toujours est-il que Victor passe la guerre en Amérique, à Lansing, Ohio et revient à Mazingarbe en 1924. Il décède à Vermelles, Pas-de-Calais le 8 février 1926. Son épouse se remarie en mars 1933.


On ne peut pas savoir si Victor est parti comme émigrant ou juste comme travailleur ayant de toute manière l’intention de rentrer en Europe, fortune faite bien sûr. De fortune, il n’y eu sans doute pas.


Il est fort probable que d’autre mineurs du Nord-Pas de Calais aient comme lui traversé l’océan, travaillé là-bas quelques années avant de rentrer et de finir leurs jours en France.

 

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  1. On ne s’en rend pas forcément compte mais il y a seulement une quarantaine d'années, c'est à dire lors de ma coopération en Côte d'Ivoire de 1981 à 1983, on n’avait guère d’autre moyen de communiquer que le courrier, pas d’internet, pas de mail, ni tout ce qui va avec. Même le téléphone, hors de prix, était réservé aux cas exceptionnels.
  2. J’ai déjà évoqué Florent Blanchart ici,  lors du centenaire de sa mort survenue le 6 octobre 1915 à Souain.
  3. Voir le post O du présent Challenge AZ
  4. Léon est né en 1881, son père est décédé en 1886, sa mère en 1888. En 1901, il est domicilié à Nogent sur Marne.
  5. Pecquencourt, lieu de naissance de Jean Degros, ce qui n’a bien sûr aucun rapport
  6. Léon et Achille sont fils d’Achille, ne confondons pas les générations
  7. Voir le post de la lettre M du présent Challenge AZ !
Carte des lieux de ce Challenge AZ

Publié dans ChallengeAZ, Généalogie

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