P comme Prisonnier

Publié le par Paddygenéalo

Aujourd’hui, je ne vais pas évoquer un cousin ou un oncle mort pour la France. Adolphe Blanchart est décédé en 1946, à l’âge de 66 ans. Sa veuve lui survivra plus de trente ans et c’est ainsi que la tante Jeanne fut la seule de sa génération que la mienne a connu, du moins dans la famille. Bien sûr, nous, les enfants, ne voyions en elle qu’une vieille dame à qui il fallait aller rendre visite au jour de l’an, il paraît que ma grand-mère y tenait beaucoup. J’ai longtemps tout ignoré de la tante Jeanne, en particulier qu’elle était fille de mineur, et qu’elle avait eu une fille morte en bas âge. Quant à l’oncle Adolphe, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, c’était un parfait inconnu. Peut-être figurait-il sur le tableau de photos qui trônait dans le salon de ma grand-mère, et qui hélas a disparu.

Ce n’est qu’au travers de mes recherches généalogiques que j’ai découvert le peu que je sais de l’oncle Adolphe et de la tante Jeanne. Il était né en 1880 à Flines-lez-Râches, comme tous ses frères et sœurs, parmi lesquels mon arrière-grand-mère, et comme ma grand-mère aussi. Il était le fils d’Eugénie Blervaque et de François Blanchart, paveur, lui-même petit-fils de Pierre-Joseph, paveur également, né à Blaton (Belgique) en 1794. Si je suis remonté dans les générations, c’est pour souligner l’extraction plutôt modeste d’Adolphe Blanchart. Quand il passe au recrutement militaire de Cambrai, en 1900, il est « chef de contentieux (pétrole)»(1), avec barré « caissier comptable ». Ensuite, on le voit clerc de notaire lors de son mariage avec Jeanne Derache, fille de mineur, en 1904. A son décès en 1946, il est dit ancien notaire.

Ah oui, on parle là d’une époque où l’ascenseur social, comme on dit de nos jours, n’était pas éternellement en panne, faute d’entretien et de volonté.

Revenons donc à la raison pour laquelle j’évoque aujourd’hui Adolphe Blanchart. En 1914, il est comme tout le monde rappelé sous les drapeaux. Il est versé au 1è régiment d’artillerie à pied. Il ne peut évidemment pas imaginer à ce moment-là qu’il sera capturé à Maubeuge le 7 septembre 1914 avec la quasi-totalité de la garnison de la place, dont le 3è régiment d’infanterie territoriale. Comme presque tout le monde, je n’avais pas connaissance de cet évènement et quand j’ai découvert que cet arrière-grand-oncle avait été fait prisonnier tôt dans la guerre, j’étais plutôt soulagé en me disant qu’il n’avait ainsi pas connu l’horreur des tranchées. Hélas, je sais aujourd’hui, après avoir parcouru tant de fiches de soldats du 3è RIT faits prisonniers à Maubeuge que la captivité fut dure, et que beaucoup n’en revinrent pas.

Lui est revenu. Interné au camp de Friedrichsfeld, il fut rapatrié fin décembre 1918. A temps pour être aux côtés de son frère Fernand Georges, sous-lieutenant au 151è RI, décédé le 4 janvier 1920 à l’hôpital militaire de Lille.

Le camp de Friedrichsfeld (photo de l'excelent site Chtimiste)

Le camp de Friedrichsfeld (photo de l'excelent site Chtimiste)

  1. Il s’agit des pétroles de Courchelettes, plus tard connus sous le nom de BP

Publié dans 14-18, ChallengeAZ, Généalogie

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