Adieu fatale année, que je ne me souvienne plus jamais de toÿ

Publié le par Paddygenéalo

Ce titre, je ne l'ai pas imaginé, c'est juste ce qu'écrivait dans le registre où il notait ses mémoires(1), à la fin de l'année 1709, Alexandre Dubois, mon vieux complice, curé de Rumegies qui porta en terre cette année là nombre de ses paroissiens, à commencer par Barbe Bouvignies ma sosa 645 à travers qui je découvris l'histoire de ce terrible hiver 1709 que j'ai bien sûr déjà évoqué ici(2).

Citer cette année 1709 à la fin de 2020 ne doit rien au hasard. Bien sûr les causes ne sont pas les mêmes puisqu'en 1709, dans un monde où il fallait en plus subir les guerres du paraît-il "grand" roi Louis dit "Soleil" (ce qui vaut bien "Jupiter", qui n'est, selon certains, qu'un soleil avorté) en 1709 donc c'est la famine, et les diverses maladies qui l'accompagnèrent, qui causa la mort rien qu'à Rumegies de 180 paroissiens ce qui est une saignée incomparable avec ce que nous voyons aujourd'hui des suites de notre COVID puisque Rumegies comptait en 1800, dénombrement le plus ancien à ma disposition, un peu moins de 1200 habitants.

Alors bien sûr, reprendre pour 2020 les mots d'Alexandre Dubois est sans doute un peu excessif puisque, malgré tout, cette épidémie comme nous n'en avions plus connu depuis plus d'un siècle fut infiniment moins meurtrière(3). Elle est même moins dure que la fameuse "grippe espagnole" de 1918 dont les victimes se confondent un peu avec celles de la guerre et dont il ne reste guère de témoins.

Quand il écrivait "Adieu fatale année, que je ne me souvienne plus jamais de toÿ" Alexandre Dubois ajoutait "si ce n'est pour me souvenir que c'est mes peches qui ont attiré cette colère de dieu". Je ne le suivrai pas sur cette voie, il est vrai que lui, homme de dieu, ne pouvait y voir qu'une volonté divine à laquelle nous ne sommes pas obligés de croire. Question de foi.

Mais ce n'est pas parce que je ne la partage pas que je m'abstiendrai de recommander à ce bon Alexandre Dubois d'accueillir, mais il l'a déjà fait, l'un de ses successeurs dans l'Eglise, mon camarade le "père P'tit Louis" dont je citerai pas ici le nom exact. Jean Louis était dans la même sixième que moi au lycée de Douai, et quelques années plus tard nous nous sommes retrouvés dans la même école d'ingénieurs, ce qui nous a permis de nous revoir ensuite épisodiquement. C'est plus tard qu'il a choisi une autre voie. Enfin, choisi, pas selon lui. Il est parti au mois de février, juste avant l'épidémie.

Alors, Alexandre Dubois, curé de Rumegies qui accompagnait la vie de mes ancêtres, va donc lui faire une bise, à mon ami "P'tit Louis", curé lui aussi.

Voilà, c'est dit. Cette années 2020 ne fut sans doute pas aussi terrible que 1709 mais elle non plus, nous ne la regretterons pas.

Au fond, le seul point positif est qu'avec la très forte réduction de mon activité professionnelle, j'ai eu plus de temps pour mettre à jour mes données généalogiques et même participer au Challenge AZ, ce que je n'avais plus fait depuis 2017. D'ailleurs, j'aurais pu compléter mon tour du monde des ancêtres et surtout cousins voyageurs avec le Vietnam si j'avais su qu'un autre cousin, fort éloigné il est vrai, fut lui aussi prêtre et missionnaire au Vietnam où la maladie l'emporta en 1927.

Cela fait un peu trop de curés pour une seule année. Alors s'il faut retenir quelque chose de mon année généalogique, je choisirai la découverte du destin de Nicolas Groulez, soldat de la guerre d'indépendance américaine enfin retrouvé à Oléron où il est décédé capitaine des canonniers vétérans. Ce n'est pas le plus proche parent à propos duquel j'ai découvert de nouveaux éléments mais c'est sans doute l'histoire la moins facile à démêler que j'ai réussi cette année à enfin connaître.

Et donc "Adieu fatale année, que je ne me souvienne plus jamais de toÿ".

Adieu fatale année, que je ne me souvienne plus jamais de toÿ
  1. Rééditées aux éditions Septentrion où on peut les commander (non, je ne touche pas commission).
  2. Je ne cite pas de lien: les AD Nord changent de système et les liens connus aujourd'hui ne fonctionneront plus début 2021. De fait les liens précédemment proposés, et pourtant dit pérennes ne le seront plus. Ils seront mis à jour si les AD Nord se décident à lever un peu le voile sur leur mystérieux nouveau système.
  3. Pour relativiser, notons que si l'épidémie de Covid avait provoqué la même hécatombe, la France aurait compté de 6 à 10 millions de morts.

Publié dans Généalogie

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